Orateur
Dr
Bernard Thierry
(Département d'Ecologie, Physiologie & Ethologie, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, Centre National de la Recherche Scientifique, Université de Strasbourg, France)
Description
contact: bernard.thierry@iphc.cnrs.fr
N'existe-t-il aucune limite aux formes des organisations sociales que les animaux peuvent produire pour s'adapter à leur environnement, ou bien des contraintes de structure définissent-elles l'espace des possibles, restreignant les organisations sociales à un nombre fini de formes ? L'étude des macaques révèle que leurs organisations sont composées d'un ensemble de traits covariants. Le niveau d'asymétrie des conflits, l'intensité de l'agression, la fréquence des réconciliations, le développement des comportements de négociation, le degré de permissivité de la mère, l'importance des liens de parenté, la forme du jeu ou le tempérament individuel varient de manière corrélée d'une espèce à l'autre. L'analyse des réseaux sociaux permet de confirmer et d'approfondir ce tableau. Il apparaît que les macaques se circonscrivent à un nombre limité de styles sociaux. Ceux-ci peuvent s'ordonner sur une échelle à quatre degrés allant d'espèces caractérisées par des relations sociales intolérantes et de strictes hiérarchies, à d'autres dont les sociétés sont plus tolérantes et les rapports de dominance moins inégaux. Les différences observées dans le style social des macaques ne s'expliquent pas par des variations écologiques dans leur milieu d'origine. En revanche, l'analyse phylogénétique montre que les trois lignées de macaques qui composent le genre rendent compte de la plus grande partie de la variance observée. Ceci révèle l'intervention de contraintes internes qui conditionnent l'évolution des organisations sociales.
Author
Dr
Bernard Thierry
(Département d'Ecologie, Physiologie & Ethologie, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, Centre National de la Recherche Scientifique, Université de Strasbourg, France)