Le grand théorème de Fermat dit que, pour tout entier n > 2, l'équation an + bn = cn n'a pas de solutions en entiers a, b, c non nuls. Cela n'a été démontré, par Andrew Wiles, que 350 ans après son énoncé par Pierre de Fermat. À part le cas où n vaut 4, traité par Fermat lui-même, on peut supposer que n est un nombre premier p, cʼest-à-dire quʼil n'a pas dʼautres facteurs que 1 et n. Curieusement, la méthode consiste à associer à une solution éventuelle (fixée) l'équation en deux variables Y2 = X (X - ap) (X + bp) et à étudier le nombre de solutions N(l), pour un nombre premier l, de la congruence correspondante, autrement dit à compter le nombre de couples d'entiers x et y compris entre 1 et l tels que y2 et x (x - ap) (x + bp) diffèrent d'un multiple de l. C'est Carl Friedrich Gauss qui a inauguré ce genre de considérations, en étudiant le nombre de solutions de la congruence pour X2 = d, où d est un entier fixé : dans ce cas, ce nombre varie avec l de façon simple à contrôler. Dans le cas à deux variables cité plus haut, Wiles a prouvé que N(l) est le l-ième coefficient d'une série définissant une forme modulaire, c'est-à dire une fonction d'une variable complexe ayant d'exceptionnelles propriétés de transformation : ces fonctions ont été fort étudiées depuis le dix-neuvième siècle. De plus, le fait que a et b apparaissent à la puissance p dans l'équation entraîne des propriétés supplémentaires de cette forme modulaire, qui est alors trop belle pour exister ! L'exposé sera une introduction douce à ce genre de mathématiques : il s'adresse à tous ceux qui ont une tendresse pour les nombres entiers.