L’analyse des poussières du noyau de la comète 67/P avec la sonde Rosetta montre qu’elles sont constituées presque pour moitié de grosses molécules organiques (en masse, ~45% organique, ~55% minéral, Bardyn et al. 2017). Par ailleurs il est de plus en plus clair que de telles molécules produisent, dans le milieu interstellaire (ISM), les centaines d’absorptions diffuses (DIBs, Diffuse Interstellar Bands) observées sur tous les objets en arrière-plan des nuages interstellaires. Ces grosses molécules qui provoquent les DIBs étaient certainement présentes dans la parcelle d’ISM qui s’est condensée pour former le proto-système solaire. Selon le nouveau scénario d’accrétion hiérarchique douce établi par Davidsson et al. (2016) pour 67/P il devient possible qu’elles se soient conservées dans le processus de formation du noyau cométaire, en partant des grains interstellaires pour de plus gros grains, jusqu’à la taille actuelle du noyau. A l’inverse, la grande variété d’une comète à l’autre du rapport D/H dans la glace d’eau montre que le manteau glacé des grains qui se forme dans les dernières phases d’effondrement des nuages a dû, lui, se sublimer au moment de la formation du système solaire.
Je présenterai des résultats récents de Rosetta et de nouvelles études statistiques sur les DIBs et les discuterai dans la perspective d‘un tel scénario. Celui-ci impliquerait qu’une mission de retour d’échantillon cométaire aurait de l’intérêt non seulement pour les comètes, mais aussi pour le Milieu Interstellaire.