Colloquium

Du bloc erratique à la pierre dressée, enfouie ou réutilisée : bilan des connaissances sur les mégalithes du Bassin genevois

par Tara Steimer-Herbet (T Unige - Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie)

Europe/Paris
Auditorium Vivargent (LAPP / LAPTh)

Auditorium Vivargent

LAPP / LAPTh

9, chemin de Bellevue Annecy-le-Vieux 74940 ANNECY
Description

La transformation fonctionnelle ou morphologique d’un bloc erratique en pierre dressée est un événement relativement fréquent dans les Alpes et le Jura du Ve millénaire jusqu’à la deuxième moitié du IIIe millénaire avant J.-C. Dans cet environnement post-glaciaire, l’Homme du Néolithique s’est approprié des blocs dont la nature, la forme ou la situation topographique avait pour lui une importance particulière. Certains sont restés à leur emplacement d’origine en l’état sans que l’on puisse discerner les activités humaines qui s’y déroulèrent, d’autres au contraire ont été dressés, aménagés, sculptés voire gravés (cupules, lignes géométriques, traits humains) : autant de gestes que les archéologues sont susceptibles de décrypter selon les conditions de découvertes et leur état de conservation. De simples blocs erratiques, ces volumes sont devenus des menhirs. Pour satisfaire leurs besoins de mise en scène, de reconnaissance et de rituel, les hommes transportèrent ces pierres sur plusieurs mètres voire kilomètres. Isolées ou multiples, elles ont été placées puis organisées selon un ordre bien précis près d’un cours d’eau, d’une source, d’un marais ou d’un lac. Bruts, amincis par enlèvements, ces menhirs sont parfois humanisés par un rostre, un épaulement ou des gravures. L’appréciation du temps d’utilisation de ces pierres dressées est souvent complexe et notre étude, en intégrant les découvertes récentes des menhirs du Pré-du-Stand (Grand-Saconnex – Genève, Suisse) ainsi que le riche corpus de pierres identifiées depuis une trentaine d’années dans le Bassin genevois (Suisse, canton de Genève ; France, départements de l’Ain et de la Haute-Savoie), met en lumière les étapes qui ponctuent la vie des menhirs du Néolithique. Vénérés puis respectés, certains seront déposés à l’horizontal pour servir d’autel, d’autres serviront de base de foyer rituel, pour finir basculés et enfouis dans des fosses rituelles. Ces monuments en l’honneur des vivants ou des morts, devenus lieux de mémoire, seront réutilisés plus tard à La Tène finale et à la période romaine comme matériau de construction.